Peut-on demander deux médailles du travail en même temps ?

Vous êtes salarié depuis de nombreuses années et vous avez entendu parler de la médaille d’honneur du travail, cette distinction remise pour récompenser la fidélité et la qualité des services rendus à un ou plusieurs employeurs.

Peut-être en avez-vous déjà discuté avec des collègues, ou bien vous avez découvert l’existence de cette récompense dans votre convention collective ou via un article de presse. Très vite, vous vous êtes posé la question : est-il possible de demander deux médailles du travail en même temps si l’on a dépassé plusieurs paliers d’ancienneté sans jamais entamer de démarches ? L’idée peut sembler attrayante : après tout, si vous n’avez jamais réclamé votre médaille pour 20 ans de service et que vous en êtes désormais à 30 ans, pourquoi ne pas demander d’emblée deux distinctions ?

Bien sûr, la médaille d’honneur du travail n’est pas qu’un simple bout de métal. Elle revêt une valeur symbolique forte, témoignant de la reconnaissance de l’État et des employeurs pour les longues années de service effectuées dans le secteur privé. Recevoir cette médaille peut aussi être l’occasion d’un moment convivial au sein de l’entreprise, entouré·e de collègues et de supérieurs hiérarchiques, parfois ponctué d’un discours ou d’une cérémonie officielle. Tout cela explique pourquoi certains salariés tiennent tant à obtenir cette distinction, voire à rattraper plusieurs “échelons” manqués lorsqu’ils découvrent qu’ils y étaient éligibles des années auparavant.

Qu’est-ce que la médaille d’honneur du travail ?

La médaille d’honneur du travail est une distinction honorifique française décernée aux salarié·e·s du secteur privé (et dans certains cas, à des agents de la fonction publique relevant de régimes spécifiques), afin de récompenser l’ancienneté de service ainsi que la qualité du travail accompli. Cette médaille résulte d’un arrêté ou d’un décret qui fixe ses conditions d’attribution, et elle est traditionnellement remise par la préfecture du lieu de résidence du demandeur ou de la demanderesse.

Demander deux médailles du travail : est-ce possible ?

C’est la question au cœur de cet article. La réponse, bien que positive dans l’absolu, dépend de plusieurs facteurs :

1. Les textes en vigueur ne contiennent pas de disposition explicite interdisant la demande de plusieurs médailles si vous remplissez déjà les conditions pour plusieurs échelons (par exemple, médaille d’argent et médaille de vermeil).
2. Les pratiques administratives peuvent varier selon les préfectures. Certaines préfèrent n’attribuer qu’un seul échelon à la fois, correspondant à l’ancienneté la plus élevée, alors que d’autres acceptent l’attribution simultanée de plusieurs médailles si vous n’avez jamais sollicité l’échelon précédent.
3. La cohérence du dossier est primordiale. Il faut prouver que vous n’avez jamais obtenu la médaille pour le palier inférieur, que vous avez bien cumulé les années de service requises pour chaque niveau et que vous n’avez pas déjà été décoré·e pour ce palier.

Concrètement, si vous totalisez 30 ans de service et que vous n’avez jamais demandé la médaille d’argent à 20 ans, vous pouvez décider de tenter une double demande : médaille d’argent (pour 20 ans) et médaille de vermeil (pour 30 ans). Toutefois, en pratique, il est souvent plus simple de déposer directement une seule demande pour la médaille de vermeil, qui reflète votre niveau actuel d’ancienneté.

L’avis des préfectures

Dans certains départements, le service en charge de la médaille d’honneur du travail va considérer que, puisque vous avez atteint l’échelon de 30 ans, cela vaut pour l’échelon inférieur et il n’est pas nécessaire de cumuler deux médailles. D’autres départements estiment que chaque échelon peut être validé séparément et donc octroient les distinctions correspondantes si le dossier est complet.

En somme, il est possible de demander deux médailles en même temps, mais vous pourriez être invité·e à simplifier la démarche en réclamant directement l’échelon le plus élevé pour lequel vous êtes éligible. Si vous tenez vraiment à récupérer rétroactivement l’échelon manqué, renseignez-vous auprès des services compétents pour connaître leur politique locale.

Les démarches administratives

Pour faire une demande de médaille d’honneur du travail, il convient de :

1. Remplir le formulaire officiel : celui-ci est souvent téléchargeable sur le site de la préfecture ou disponible en mairie. Les coordonnées du service chargé des médailles d’honneur (préfecture ou sous-préfecture) y figurent généralement.
2. Préparez deux dossiers distincts (ou un dossier unique, mais agrémenté d’un courrier expliquant votre souhait de demander deux médailles) : Incluez toutes les pièces justificatives pour chaque échelon (20 ans, 30 ans, etc.) et soulignez clairement le fait que vous n’avez jamais fait valoir vos droits auparavant.
3. Joindre les justificatifs d’ancienneté : il est primordial de regrouper tous les documents prouvant les années de service. Dans le cadre d’une pluralité d’employeurs, il faut pouvoir documenter l’ensemble des périodes concernées.
4. Fournir une copie de la pièce d’identité : carte nationale d’identité, passeport ou titre de séjour en cours de validité.
5. Déposer le dossier dans les délais : traditionnellement, il existe deux promotions par an pour la remise des médailles (au 1er janvier et au 14 juillet). Les dossiers doivent être transmis en amont de ces dates (souvent plusieurs mois à l’avance).

Une fois la demande examinée, un arrêté préfectoral ou ministériel est pris pour décerner la médaille d’honneur du travail. Le bénéficiaire est alors informé par courrier ou e-mail, et la médaille est remise lors d’une cérémonie officielle ou d’un événement organisé par l’entreprise.

Que faire si la demande de double médaille est refusée ?

Si la préfecture ou le service compétent refuse d’accorder deux médailles au motif que vous avez déjà atteint le palier supérieur, vous pouvez :

1. Contacter le service pour obtenir des explications précises.
2. Vérifier la réglementation locale et nationale afin de voir s’il y a une base légale au refus.
3. Déposer éventuellement un recours gracieux en motivant votre demande.

La plupart du temps, les refus ne portent pas sur l’éligibilité en elle-même, mais plutôt sur l’utilité réelle de demander l’échelon inférieur lorsque l’échelon supérieur est déjà acquis. Il est donc rare que cela donne lieu à un contentieux important.